1. Fragan, adhérent depuis à peu près un an à l’UDB, tu es candidat sur Brest-Kérichen. Pourquoi as-tu choisi ce parti plutôt qu’un autre?
Sympathisant depuis plusieurs années, j’ai décidé d’adhérer à l’Union Démocratique Bretonne il y a 1 an et demi maintenant. Cette adhésion est la conséquence d’une réflexion sur mon identité, ma culture politique. Je me définis de gauche car profondément progressiste et écologiste et farouchement opposé au libéralisme sauvage et au conservatisme. Plusieurs partis s’offraient donc à moi. J’ai tout d’abord mis de côté les partis de tradition révolutionnaire. L’histoire a maintes fois prouvé que les révolutions, même animées par les meilleurs idéaux, n’engendrent que le chaos. La voie de la réforme est pour moi bien plus constructive. Je ne pouvais pas non plus adhérer au PS car ce parti ne promeut plus aucun projet de société novateur. C’est un parti qui appartient maintenant au passé. Il n’est plus pour moi qu’une sorte de « médicament générique sans effet » contre la droite, tel un antibiotique trop utilisé auquel la maladie se serait maintenant trop accoutumée. De plus, nombreux sont ceux qui y cartent aujourd’hui avec pour seul objectif de faire « carrière ». Or faire de la politique c’est combattre.
Mon adhésion à l’UDB coulait de source. Mon identité, mon histoire personnelle et familiale incarne ses idéaux et ses batailles. Je suis en effet issu d’un métissage culturel et social. Mon père est breton, issu d’une famille noble ayant marquée pendant plusieurs siècles le paysage léonard et son histoire. A l’opposé, ma mère est issue d’une famille immigrée italienne pauvre, arrivée en France sur une charrette avec pour seule richesse 6 enfants à nourrir et l’espoir d’une vie plus facile. Cependant, un point commun demeure : l’acculturation forcée, la négation de nos origines, de nos cultures avec pour seul prétexte : l’intégration. Aujourd’hui plus personne ne parle plus ni italien, ni breton dans la famille. Tout est à reconstruire. Je me considère donc breton, italien, français, mais surtout européen. Or j’ai la conviction que l’intégration, la cohésion sociale, ne peuvent être réalisées que par la mise en valeur de la diversité culturelle présente dans une société, et cette politique ne peut être réalisée que par l’échange interculturel, le dialogue et le métissage. Je veux combattre pour une Europe des Régions, pour une France des peuples, pour une Bretagne autonome.
2. Quelles priorités selon toi pour Brest?
Brest doit valoriser ses atouts et surtout ce qui la rend unique en Bretagne, dans l’hexagone et en Europe. Elle doit se tourner encore davantage vers l’océan. Elle possède déjà Ifremer, Thales, l’arsenal, océanopolis, mais aussi l’antenne de l’ONU Climsat. Le gouvernement nous a en plus promis l’installation d’une plateforme de recherche sur les énergies marines. Les différentes collectivités territoriales, chacune à leur échelle et selon leurs compétences, doivent continuer à soutenir ces structures, les faire travailler en réseau et en attirer de nouvelles. L’objectif est de renforcer, de développer les activités économiques maritimes durables.
Des exemples concrets maintenant. Aujourd’hui la DCNS peine à se maintenir sur Brest et le nombre d’ouvriers y travaillant diminue toujours plus. Les conséquences sociales sont catastrophiques d’une part, et cela correspond à une perte d’un savoir-faire ancestral d’autre part. Il faudrait donc soutenir la diversification des activités de l’arsenal. Je pense tout d’abord au démantèlement des vieilles coques. L’Etat a préféré jusque là dépenser des millions pour envoyer le Clémenceau en Inde puis le rapatrier en France pour finalement le faire démonter en Angleterre et le problème se pose de nouveau avec la Jeanne d’Arc. Pourquoi ne pas valoriser le savoir-faire des ouvriers de la DCNS en maintenant en plus leur nombre en en favorisant la reconversion vers cette nouvelle activité. De même, pourquoi ne pas construire nous même nos propres éoliennes et hydroliennes, plutôt que de les acheter à l’étranger ou de laisser d’autres sites hexagonaux s’en approprier le monopole
Brest par tradition est une cité cosmopolite : ville de marins, ville d’immigration. La diversité culturelle présente sur son territoire est fondamentale dans la définition de son identité et doit être davantage mise en valeur. Une politique socio-culturelle allant dans ce sens ne peut que favoriser la cohésion sociale et dynamiser encore la société et l’économie
Une politique sociale et culturelle doit avant tout s’appuyer sur les acteurs de terrains déjà présents. Je parle évidemment des associations, des comités, des collectifs mais aussi des comités consultatifs de quartiers. Leurs actions, leurs réflections, leurs combats sont fondamentaux. Ils doivent être soutenus, renforcés. Les politiques ont tout intérêt à travailler en partenariat avec eux.
3. Tu es le seul candidat jeune (de l’UDB) a faire campagne avec une suppléante Europe Ecologie. En l’occurrence Gisèle Citharel. Comment se passe votre campagne?
C’est moi même qui ai proposé à Gisèle d’être ma remplaçante. Je travaillais déjà avec elle lors de la campagne des Régionales et Gisèle est devenue une amie. Nous avons donc pris nos habitudes de travail et la campagne se déroule donc sans accroches et avec une grande efficacité. Son appartenance à EE-LV est un atout. Nos idées, nos combats sont à la fois très proches et complémentaires sans jamais s’opposer. Nos identités se complètent de la même manière : nous respectons la parité, nous appartenons à des générations différentes et nos professions respectives sont très opposées : je suis fonctionnaire, elle est praticienne de santé alternative… Un rare point commun tout de même : nous vivons tous deux dans le canton.
Faire campagne en valorisant la diversité politique (quand elle est rendue possible et bénéfique pour chacun) et la diversité culturelle est pour moi un premier pas nécessaire avant de vouloir appliquer ce même principe une fois élu!