Les Corses se sont fortement mobilisé·es il y a peu, si bien que même le gouvernement français a abordé le sujet de l’autonomie. Cependant, la campagne présidentielle a été en grande partie monopolisée par les sujets d’extrême-droite. Ensuite le mouvement initié par Jean-Luc Mélenchon s’est accaparé l’attention des gauches. Les idées pourtant émancipatrices portées par l’autonomie ont ainsi été balayées du débat public. Cette question est pourtant fondamentale dans une république centralisée qui ne parvient pas à préserver la qualité de ses services publics et qui sans cesse renforce les mouvements autoritaires. L’UDB Jeunes a déjà présenté sa vision de l’autonomie, mais celle-ci mérite d’être actualisée et rappelée.
Ce qu’est l’autonomie et ce qu’elle n’est pas
L’autonomie ce n’est pas l’indépendance. L’indépendance implique généralement une absence totale de dépendance, ce qui est devenu totalement impossible dans notre société. Plus spécifiquement, pour un territoire, l’indépendance implique une séparation entre celui-ci et l’état qui y était souverain. Ce territoire devient lui aussi souverain, en interne (aucune ingérence extérieure en théorie) et à l’international (égal aux autres états). Un territoire indépendant est souvent autonome, mais un territoire autonome n’est pas toujours indépendant puisqu’il peut conserver des interdépendances fortes (mais consenties) avec un autre état (par exemple l’état fédéral).
L’autonomie institutionnelle ce n’est pas seulement le régionalisme. Le régionalisme, caractéristique de l’Espagne et de l’Italie, consacre l’attribution de compétences à des régions autonomes par un statut particulier (négocié). Celles-ci ont une autonomie fiscale et législative dans leur domaine de compétence. Toutefois, cette autonomie peut être mieux protégée dans d’autres formes d’état que le régionalisme.
L’autonomie institutionnelle c’est la capacité à exercer ses compétences sans ingérence de la part de l’état central ou fédéral. Cette autonomie peut être consacrée par un état régionaliste donc, mais aussi par une fédération. Cette dernière garantit l’autonomie de l’état fédéré/régional dans la constitution fédérale alors que dans l’état régionaliste, le statut particulier de chaque région a une simple valeur légale.
Une région ou un état fédéré/autonome peut ainsi décider librement de la répartition de son budget, négocier et modifier certaines taxes, légiférer sur les sujets relevant de sa compétence, etc.
Quel est l’intérêt de l’autonomie pour la Bretagne ?
La Bretagne a de nombreux enjeux spécifiques : mer, fracture entre ruralité, métropole Brestoise et métropoles Rennaise et Nantaise, agroalimentaire face au modèle paysan, dépendance énergétique, cultures et langues, etc.
Ces problématiques ne trouveront pas de réponse satisfaisante à Paris, surtout si cette réponse doit être uniforme sur tout le territoire français. Les réponses sont ici. De même, les moyens de répondre à ces enjeux doivent être ici.
Ainsi l’autonomie institutionnelle nous autoriserait par exemple à :
- Rendre les institutions plus transparentes, démocratiques et justes.
- Rendre la Bretagne autonome énergétiquement, ce qui exclut toute dépendance au pétrole, gaz ou uranium. En effet, il y a un prérequis essentiel à l’autonomie (énergétique) : l’énergie (aussi bien celle qui est produite que celle qui est consommée) doit être renouvelable !
- Répartir les dotations PAC en faveur du modèle paysan, biologique et extensif.
- Mettre fin à la privatisation de la santé et créer une nouvelle sécurité sociale plus efficace et plus démocratique, en s’inspirant notamment du modèle Alsacien-Mosellan.
- Lutter contre la centralisation effectuée par les métropoles Rennaise et Nantaise, qui concentrent emplois, services mais aussi inégalités.
- Amener les services publics dans les campagnes et les quartiers défavorisés.
- Allouer une part conséquente du budget aux enjeux sociaux délaissés : mettre fin à la pauvreté étudiante, fournir une aide réelle aux réfugié·es, permettre à toutes les populations minorisées de s’émanciper (femmes, personnes queer, racisées, handicapées, etc.)…
- Redonner une place au gallo et au breton au quotidien, rendre évident leur apprentissage au primaire, secondaire et supérieur.
L’autonomie c’est simplement se donner de nouvelles possibilités, s’accorder le droit de trouver des solutions à ses propres problèmes. L’autonomie ne remet aucunement en cause les principes tels que la justice, la solidarité ou la liberté ; l’autonomie est en fait une condition essentielle à l’épanouissement de ces principes et des personnes et des communautés. Nous voulons l’autonomie énergétique, l’autonomie alimentaire, l’autonomie des jeunes… et pour les obtenir nous devons obtenir l’autonomie politique !