Les 22, 23 et 24 avril je me suis rendu à Wrecsam dans le cadre du congrès du Plaid Ifanc en tant que représentant de l’UDB Yaouank. Cet article a pour objectif de rendre compte de manière synthétique des échanges politiques avec nos camarades gallois·e·s et européen·ne·s, de la situation au Pays de Galles.
Pour commencer, il m’a fallu prendre l’avion en direction de Manchester, le vol que j’ai pris ayant atterri avec une heure de retard, le camarade gallois a du se déplacer depuis Wrecsam vers l’aéroport de Manchester parce qu’après 22h il n’y a plus de transport ferroviaire en direction du pays de Galles. Cela traduit un malaise vécu par les Gallois·e·s, les moyens de transport collectifs y sont faibles et principalement réfléchis selon les métropoles galloises et leur connexion aux métropoles anglaises. Des bus joignent les villes galloises entre elles mais cela reste insuffisant selon les camarades.
De plus, il faut savoir que Wrecsam est une ville de taille moyenne, dans une région rurale, avec les problématiques qui y sont liées. Je dirai que les paysages restent globalement préservés avec une faible urbanisation, toutefois mon camarade gallois m’expliquait que l’industrie et l’agro-industrie ont là-bas aussi pollué les eaux et l’environnement.
Le congrès démarre donc le samedi matin à 10h, plusieurs délibérations d’ordre statutaire se sont tenues, le PlaidIfanc fonctionne de la manière suivante : soit le bureau propose pour avis des modifications statutaires, soit les camarades de manière individuelle proposent une modification statutaire pour avis. Le PlaidIfanc, fort de ses 500 adhérent·e·s environ, revient d’une longue période post-confinement où les activités étaient réduites. Ce congrès est donc également important pour redynamiser la structure que j’avais découvert à Llanelli 4 années plus tôt. Il est également l’occasion pour les camarades de porter des motions politiques qui ont pour objectif de tracer les grandes lignes du mandat du nouveau bureau élu à l’issu du congrès. Ces motions politiques m’ont particulièrement intéressé et surpris, l’une par exemple portait sur l’affirmation du caractère républicain du PlaidIfanc dans la monarchie britannique. Nous oublions souvent que la République n’est pas acquise à tous et toutes et qu’il s’agit d’une lutte pour l’obtenir (les camarades catalans, galiciens, valenciens partagent cette lutte en Espagne). Une autre encore portait sur la question de l’accès à une couverture sociale, de santé surtout. Là aussi, c’est en entendant les problématiques rapportées, le discours de solidarité du camarade qui a porté la motion, que je me suis rendu compte de l’importance de préserver et développer notre système social dans la République française et d’imaginer un meilleur système encore dans la future Bretagne autonome. Après un échange avec le camarade en question, lui expliquant comment fonctionne notre système social, à partir de quels financements, ce dernier semblait en adéquation avec le principe de solidarité collective que cela implique.
L’après-midi, le congrès se poursuit avec différentes interventions, dont celle d’une jeune camarade galloise ayant vécu aux États-Unis, maîtrisant la question russo-ukrainienne et ayant mis en place un système de solidarité en faveur des réfugié·e·s. Elle a abordé la question des termes appropriés à utiliser pour parler de cette guerre et ses acteurs, cela m’a rappelé combien la question sémantique est centrale dans nos luttes. Ensuite, nous avons pu nous présenter, parler du contexte dans lequel nos peuples vivent, de nos luttes en cours et à venir. Enfin, un groupe politique local à l’échelle de Wrecsam est venu se présenter, discuter de l’importance d’ancrer la démocratie au local et de mettre en avant les luttes galloises (notamment les questions linguistiques, culturelles et politiques). Après avoir chanté les deux hymnes gallois (j’ai tenté de chanter le bro gozh au passage mais impossible d’être dans le même rythme qu’eux..), une séance photo s’est tenue puis nous sommes allés aider les camarades de Wrecsam à diffuser leur programme politique dans un des quartiers de la ville.
Le soir, plusieurs discussions informelles se sont tenues à l’hôtel où nous étions, j’ai eu l’occasion de discuter avec le camarade irlandais sur nos luttes communes (toute proportion gardée, le fait que nos deux pays se soient vus amputés d’une partie de celui-ci de manière autoritaire, mais aussi sur les conséquences du tourisme sur le logement et l’environnement). Ce dernier sujet, l’ayant aussi abordé avec les camarades galicien, catalan et valencien, semble être au cœur de nos problématiques actuelles : AirBnB dans l’ensemble de ces territoires, résidences secondaires littorales pour une partie d’entre eux. L’idée émerge d’une construction d’un espace commun d’échange sur nos situations respectives, les solutions trouvées (même si non appliquées) et les luttes à entreprendre pour nos revendications. Le camarade catalan m’expliquait que le pouvoir catalan a voulu prendre des mesures législatives, mais le pouvoir royal à Madrid s’est démené en utilisant le droit espagnol pour casser cette mesure. Encore là se traduit l’autoritarisme étatique sur une volonté démocratique et populaire qui s’est pourtant manifestée dans un cadre démocratique légal et légitime.
J’ajouterai pour finir ce petit moment avant le repas où nous nous communiquions des références cinématographiques/documentaires et littéraires pour mieux connaître les grandes luttes de nos peuples. L’occasion pour moi de parler de Plogoff, des pierres et des fusils, de la ZAD de Notre Dame des Landes, des manifestations pour les langues de Bretagne et de tant d’autres mouvements sociaux bretons qui traduisent le malaise d’un peuple dans un État-nation centralisé qui préfère mieux réprimer à l’aide des forces de l’ordre plutôt que de convenir à des solutions démocratiques qui conviennent aux populations locales ou régionales/nationales.
Je ressors donc une nouvelle fois requinqué du pays de Galles, motivé à poursuivre la lutte pour l’autonomie de notre peuple bien que je sois désormais expatrié dans le Nord de la France métropolitaine. La solidarité entre peuples européens est un bien précieux qu’il nous faut préserver et développer, j’oserai même dire que nos meilleurs alliés de lutte pour l’autonomie de la Bretagne ne sont pas les partis français qui bien souvent nous méprisent ou souhaitent simplement gagner l’électorat breton, mais nos camarades d’un peu partout qui partagent nos revendications et nos luttes.
Betek an emrenerezh !
Steven.