
La Bretagne, terre de réussite éducative, est si l’on en croit les résultats du baccalauréat 2012 la première région en pourcentage d’admis au baccalauréat général : 21 471 bretons sont donc bacheliers, dont 5 583 qui ont forcés leurs talents et obtiennent une mention bien ou très bien. Cependant il semble que la macrocéphalie française contraigne nos jeunes talents à quitter la Bretagne et donc à faire perdre à notre région les qualités intellectuels si nécessaires à l’émergence d’une Bretagne innovante et puissante sur le plan économique. En effet, en dépit de la qualité de nos universités, notamment celles de Rennes et Nantes et de l’implantation de quelques Classes Préparatoires aux Grandes Écoles et d’écoles de très hauts niveaux : IEP Rennes, Audencia … nos jeunes talents, pour accéder à l’excellence de notre éducation, se doivent de partir à Paris.
Héritage d’une centralisation historique ayant fait l’objet d’aménagements plus que d’une transformation profonde, les grandes écoles sont fortement concentrées à Paris. Ceci pose deux problèmes : outre le fait que ceux de nos jeunes qui souhaitent suivre les études concernées doivent quitter la Bretagne et donc nous faire perdre leurs atouts, c’est en région parisienne et dans une mentalité bien particulière qu’ils y seront formés. Ainsi les dirigeants, chef d’entreprises, décideurs, investisseurs de demain, comme d’hier, seront marqués par une habitude de concentration des pouvoirs et des activités en un lieu central. L’ENA, Science-Po, HEC, ESSEC, Normal-Sup, Écoles des mines, Polytechnique, représentent pourtant d’incroyables chances pour nos jeunes bretons, toujours très nombreux à se presser au portes de ces écoles, quand ce n’est pas à celles des trois universités considérées comme les meilleures de France… et qui sont elles aussi Parisiennes. La question est : comment un élève, formé à Paris, ayant appris de Parisien, par rapport à Paris, pourra t’il ne pas devenir un Parisien, centralisateur et condescendant pour notre région qui n’aura pas su assurer sa formation, qui restera pour lui ou pour elle un pays du passé? La Bretagne est une terre d’excellence au vue des résultats scolaires et universitaires, mais les pôles dits d’excellence sont ailleurs : pas parce que notre région compterait trop peu d’étudiants, mais parce qu’elle n’est pas jugée légitime pour assurer l’attractivité de l’enseignement supérieur français. Nombre de jeunes bretons n’ont donc pour choix que de rejoindre la capitale pour prétendre à l’excellence.
La décentralisation doit permettre que nous cessions de perdre nos talents au profit de Paris, de mettre fin à la concentration des meilleures écoles et universités qui engendre une continuité dans la centralisation par l’apprentissage inconscient d’une vision Parisienne des affaires françaises. La décentralisation, et donc le pouvoir aux régions, permettrait d’améliorer la gestion de l’enseignement supérieur en lui rendant la dimension territoriale qui lui manque, en valorisant écoles et universités de proximité où les étudiants peuvent bénéficier d’une qualité de vie et de travail bien plus propice à leur réussite que les campus-usines à prétention d’excellence. Un accroîssement des pouvoirs régionaux est nécessaire pour que l’enseignement supérieur soit un outil de développement partagé et non un pion dans la concurrence que se livrent les grandes villes. Nos jeunes se doivent de pouvoir rester près de chez eux, dans les régions, et donc étudier aussi, les questions culturelles, politiques, sociologiques et commerciales locales. Un élève formé en Bretagne saura toujours mieux entreprendre dans notre région qu’un camarade à lui formé à Paris.
La décentralisation doit pour nos jeunes passer par une répartition équilibrée des grandes écoles, notamment les écoles d’administration qui perpétuent le problème que nous combattons tous. Nos grandes écoles sont un enjeux important pour le futur de notre région.
Donnons le choix à nos élèves de servir notre région, donnons le choix à nos régions d’investir dans nos élèves, sortons de l’obligation Parisienne.
Jean-Baptiste Ravignot-Meziane