Les Jeunes de l’UDB tenaient à exprimer leur avis sur un des aspects du débat qui a agité l’actualité ces dernières semaines au sujet de la réunification de la Bretagne: celui de la capitale! En effet, nous nous sommes rendus compte que cette question récurrente du choix de la capitale polluait systématiquement le débat en déplaçant la vraie question. La réunification va au-delà d’une simple rencontre sportive!
Alors que la réunification n’a jamais été autant abordée, force est de constater qu’un des arguments les plus nocifs a été celui de la capitale. De Nantes ou de Rennes, qui sera la capitale bretonne? Nantes la commerçante ou Rennes l’administrative? Honnêtement, on s’en fout!
Pour les Jeunes de l’UDB, cette question n’a pas lieu d’être et la rivalité que l’on essaye de créer entre ces deux villes bretonnes est à l’encontre de l’esprit de solidarité qui devrait prévaloir au XXIème siècle. La Bretagne est riche de son tissu de villes moyennes et il ne saurait être question de remettre en cause ce polycentrisme. Malheureusement, le déséquilibre persistant entre la Basse-Bretagne et la Haute-Bretagne montre à quel point le système jacobin français peut se reproduire à l’échelle régionale. La métropolisation est un fléau qu’il convient de combattre justement en ne concentrant pas tous les moyens dans une ville-lumière!
Si l’on peut partir du principe que la Bretagne compte trois villes majeures que sont Rennes, Nantes et Brest, on peut aussi remarquer que ses villes secondaires mériteraient aussi un peu d’attention: Quimper, Lorient, St Brieuc, St Malo, Carhaix, Pontivy, Vannes, Redon, St Nazaire… autant de villes qui doivent elle aussi veiller à ne pas écraser leurs pays respectifs.
Une capitale finalement, est-ce important? A quoi sert de faire rayonner une ville quand on pourrait élever une région entière? C’est cela que JM Ayrault ne comprend pas. En adoptant une position de lobbyiste urbain, c’est lui-même qui joue l’identitaire, c’est lui qui se recroqueville sur sa ville! Une région n’est pas qu’une addition de villes, c’est aussi une volonté de vivre ensemble. Pour les Jeunes de l’UDB, les villes doivent cesser de jouer la concurrence et préférer les collaborations. Conférence des villes de Bretagne, Conférence des Villes de l’Arc Atlantique… autant d’outils qui évitent de se livrer des guerres ridicules. Cette concurrence entre Nantes et Brest n’a-t-elle pas profité à Lisbonne dans le cas de l’agence européenne de sécurité maritime?
Dans la série argument risible, les Jeunes de l’UDB ont pu noter celui de J. Auxiette pour qui « Nantes est la première ville de Vendée ». Ce à quoi nous répondons: Paris est la première ville bretonne et il ne nous est jamais venu à l’esprit de la revendiquer bretonne! Par des arguments conservateurs, certains élus tentent de nous faire croire que les choses sont immuables. Or, Nantes a bien été arrachée à la Bretagne en 1941 ce qui nous rappelle que rien n’est jamais acquis pour toujours. Le cas de la Loire-Atlantique aurait du être réglé à la fin de la guerre, mais il est probable qu’une Bretagne qui ne soit pas trop puissante arrangeait finalement les partisans d’un centre fort et sans ombre. Aujourd’hui, il nous faut faire avec la population actuelle et le challenge n’en est que plus intéressant. Malgré tous les moyens dépensés pour promouvoir une identité fictive, la Région Pays de la Loire n’a pas su annihiler le sentiment d’appartenance breton. Ceci est la meilleure preuve qu’une identité ne se forge pas avec de l’argent.
Il nous faut donc tenter de prouver aux gens que la réunification est souhaitable. D’ailleurs, le statut quo qui ressortait du dernier sondage n’est pas vraiment à l’ordre du jour puisqu’il est désormais clair que le gouvernement souhaite réduire l’architecture administrative. Les Jeunes de l’UDB invitent ceux qui redoutent cette réunification à prendre du recul: la réunification ne changera ni le quotidien des nantais, ni celui des bretons de B4. Par contre, elle permettra à une région sous-valorisée de grandir et, à cet égard, améliorera très certainement la condition économique des bretons. La réunification et plus largement la réforme des institutions est donc une priorité car de l’organisation territoriale dépend aussi la réussite. Ensembles, nous réussissons, divisés, nous stagnons. Une région en forme, ce sont des possibilités d’emplois que les Pays de la Loire ne saurait offrir car cette technostructure est invendable tant elle ne représente rien.
Rassurez-vous donc, la Bretagne réunifiée ne saura pas plus fermée qu’une Bretagne croupion! Les vendéens ou angevins pourront continuer à venir à l’université de Nantes: ni mirador, ni barbelés, ni mines anti-personnel ne seront installés, promis! D’ailleurs, les bretons de B4 font aussi des études à Nantes ou St Nazaire. Assurément, ce débat sur la capitale est en fait un débat sur la notion de frontière. Et force est de constater que l’esprit des français est calqué sur l’organisation administrative et pas sur la réalité humaine.